La seconde édition des Espions de l’or noir * aux Editions Encre d’Orient comprend une enquête sur « les manipulations secrètes occidentales dans les Printemps arabes ».
Aujourd’hui, écrit l’auteur, « La politique de la canonnière, abolie en 1907, a été remplacée par celle du porte-avion, les espions classiques par des journalistes complaisants et des militants d’organisations humanitaires pervertis. Le temps est aux mercenaires des sociétés militaires ou d’espionnage privées. Internet, Facebook, Twitter, You Tube, et l’indispensable téléphone satellite Thuraya, sont les nouveaux outils de déstabilisation nécessaire à l’organisation de révolutions dites démocratiques. Le monde n’a pas changé. Pour les grandes et moyennes puissances, l’exploitation éhontée des pays du tiers-monde est toujours la règle, notamment lorsque des champs pétroliers et des positions géo-stratégiques sont en jeu ».
Critique des Espions de l’or noir par Paul Balta, écrivain et journaliste, spécialiste du monde arabe (Confluences Méditerranée – 2011) :
Journaliste indépendant, Gilles Munier est un bon spécialiste du Proche- Orient. Il a, entre autres, suivi sur place le conflit Irak-Iran (1980-1988) et les deux guerres du Golfe : l’invasion du Koweït par Saddam Hussein en 1990, puis sa libération par une coalition dirigée par les Etats-Unis en 1991. L’embargo international qui a ensuite frappé l’Irak a ruiné le pays et fait 500 000 morts. À partir de ce terrible constat, il explique pourquoi et comment le principal enjeu de ces affrontements a été l’or noir.
D’entrée de jeu, l’auteur donne la liste et l’identité de 51 personnages liées à la question pétrolière et qui ont joué un rôle important, mais qui sont moins connus que Guillaume II, Hitler, Winston Churchill, Franklin Roosevelt, Lawrence d’Arabie, des monarques britanniques et saoudiens et d’autres personnalités. Il y a aussi les irréguliers du groupe Stern et du Shay, ancêtres du Mossad et de la CIA. Il rappelle que depuis la découverte des champs pétrolifères de Bakou, au XIXe siècle, puis de Perse et de Mésopotamie, au début du XXe, les luttes d’influence entre grandes puissances pour s’en emparer n’ont jamais cessé. Il explique aussi comment, depuis Napoléon Ier, des lignées d’agents secrets ont contribué au démantèlement de l’empire ottoman afin d’assurer aux Occidentaux la suprématie sur les principales ressources pétrolifères du monde. Ces dernières ont été à l’arrière-plan des deux guerres mondiales et de nombreux conflits régionaux jusqu’aux plus récents en Géorgie et en Irak.
D’une impressionnante culture, Gilles Munier remonte dans le temps et nous rappelle que c’est en entrant en Mésopotamie au IVè siècle av. J-C. qu’Alexandre le Grand, fut le premier occidental à entendre parler du pétrole et de son utilisation. La saga se déroule jusqu’à nos jours au cours de dix-sept chapitres.
Citons quelques titres de quelques-uns parmi eux pour illustrer ce cheminement et éveiller votre curiosité. II – Les espions de Napoléon, précurseurs du Grand jeu. III – William Cohen-Palgrave, l’espion jésuite qui voulait évangéliser les Wahhabites. VII – Allemagne : la marche vers l’Orient pétrolier. X – Thomas Edward Laurence, l’espion trop médiatisé. XI – Gertrude Bell, l’espionne au coeur brisé. XV – Pétrole : la France à la remorque des Anglo-saxons. Une des trois cartes montre le célèbre tracé du chemin de fer Berlin-Bagdad puis, tout au long de l’ouvrage, nous découvrons les portraits des espions, espionnes et autres acteurs cités.
* 231 pages, avec cartes et index – 21 euros
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire