Kurdes et Arabes prêts à s’entendre sur Kerkuk au détriment des Turkmènes
Les Turkmènes et les Arabes avaient boycotté les réunions du Conseil de Kerkuk étant donné qu’ils s’estimaient lésés depuis que les Kurdes avaient imposé leur hégémonie dans cette région lors de l’invasion du pays par les troupes EU-GB-AU en avril 2003.
Les partis kurdes et arabes de la région de Kerkuk sont tombés d’accord sur une formule de division du pouvoir dans cette zone riche en pétrole qui pourrait ouvrir la voie à un référendum sur le rattachement de la province au Kurdistan irakien. Les Turkmènes ont annoncé ne pas avoir approuvé cet accord.
La province de Kerkuk, et sa capitale du même nom, qui compte plus d’un million d’habitants, sont peuplées par des Turkmènes, des Kurdes , des Arabes et des Chrétiens. La Constitution irakienne y prévoit un recensement et la tenue d’un référendum avant la fin de l’année pour déterminer le statut de cette zone, revendiquée injustement par les autorités de la région autonome du Kurdistan irakien. Le recensement, qui doit également établir la répartition ethnique de la population comme base de répartition du pouvoir, n’a pas commencé. Il est rendu très difficile par l’arrivée massive de kurdes susceptible de modifier la composition de l’électorat et par la situation explosive dans la région.
Des Arabes installés à Kerkuk à l’époque du régime de Saddam Hussein ont été incités au départ par des offres d’argent ou par des menaces. Des Kurdes chassés à la même époque sont, en revanche, revenus, grâce à des aides publiques, réclamer les terrains et les maisons qu’ils considèrent comme les leurs. Il est à signaler que des ‘nouveaux arrivés’ Kurdes ont pris possession et occupent à présent des terrains et des bâtiments appartenant aux Turkmènes, alors que la majorité des Turkmènes qui avaient été chassés sous le régime Baasiste n’ont toujours pas récupéré leurs terres et leurs maisons et attendent toujours d’être indemnisés.
Selon un membre arabe du Conseil provincial, Rakan Said al-Joubouri, l’accord annoncé hier donne à sa communauté une meilleure représentation dans les instances qui devraient être mises en place après de nouvelles élections locales. « Pour la première fois, la charge de gouverneur adjoint et celle de chef adjoint du conseil judiciaire nous seront attribuées », s’est-il félicité. Les fonctions seront distribuées également à hauteur de 32 % entre les Kurdes, les Arabes et les Turkmènes. Les autres 4 % restants seront attribués aux minorités, comme les Chaldéens et les Arméniens.
Pour le moment, le Conseil régional, qui compte 41 membres, est dominé avec 26 sièges par les deux partis kurdes : l’UPK et le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de Massoud Barzani, président de la région du Kurdistan. Les partis arabes ont six sièges et les Turkmènes neuf. L’accord prévoit également la fin des détentions illégales, « une exigence importante pour les Arabes qui ont été victimes des pires abus », selon M. Joubouri. « Nous espérons que les Turkmènes participeront », a-t-il ajouté.
« Le problème de Kerkuk ne peut pas être résolu par le retour d’une seule partie, alors qu’une autre est ignorée », a réagi pour sa part M. Ali Mahdi, le secrétaire adjoint du parti Turkmen Eli. « Nous demandons la fin des arrestations et la fin de notre marginalisation, et nous soulignons la nécessité d’adopter la langue turkmène comme langue officielle à Kerkuk », a-t-il ajouté.
M Ali Mahdi a également souligné qu'en dépit du fait que la constitution irakienne approuve l'utilisation de la langue turkmène en tant que langue officielle partout où les Turkmènes sont concentrés, seuls les indications et affichages en langue turkmène sont absents dans le bâtiment du gouvernement à Kerkuk.
M Ali Mahdi a déclaré qu'aucun accord ne pourrait survivre s'il ne respecte pas les droits et la volonté de tous les composants à Kerkuk.M. Ali Mahdi a déclaré que les Turkmènes continueront à revendiquer leurs droits et qu'ils ne participeront pas aux réunions tant qu'ils n'auront pas obtenu gain de cause.
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