Dans Afrique-Asie - mars 2008
La Soif de Pétrole Irakien
Par Gilles Munier
http://www.afrique-asie.fr/article.php?article=327
Mongolies
Par Habib Tawa
http://www.afrique-asie.fr/article.php?article=325
La grandeur des Turcomans irakiens
Par Gilles Munier
Publié dans AFRIQUE ASIE (Octobre 2007)
Histoire : Aujourd’hui marginalisé, ce peuple joua un rôle fondamental en Mésopotamie jusqu’à la chute de l’Empire Ottoman.
Depuis la fin de la Première Guerre mondiale, le nombre des Turcomans en Irak – ou Turkmènes, c'est-à-dire « vrais turcs » - est minoré. Ils seraient entre 2 et 3 millions, répartis sur un territoire qu’ils appellent Turkmeneli, s’étendant en diagonale du sud de la région autonome du Kurdistan, sur la frontière syrienne, à celle de l’Iran. Des Turcomans, nombreux, résident à Bagdad et à Erbil, ville turcomane octroyée aux Kurdes par la loi d’autonomie.
Originaires du royaume légendaire de Touran, les Turcomans se convertirent très tôt à l’Islam Ils s’installèrent en Mésopotamie bien avant la conquête de l’Empire byzantin par les Turcs, en 1453. Ils y jouèrent un rôle essentiel jusqu’à la disparition de l’Empire ottoman. Les premiers Turcomans arrivèrent de Boukhara en Irak au VIIe siècle. Ils étaient environ 4.000, recrutés par Oubeydullah Bin Ziyad, gouverneur omeyyade de Bassora, pour leur habileté au tir à l’arc. Un second contingent les rejoignit pour protéger Wasit, capitale de l’Irak fondée en 702 par Al Hajjaj ben Yusuf, un des plus terribles dirigeants que l’Irak ait connu.
Au VIIIe siècle, les califes abbassides Mansour, Rachid et Maamoun en firent l’élite de leur armée. En 835, 40.000 Turcomans s’installèrent à Samarra, nouvelle capitale bâtie par le calife Al-Mu’tasim, et se fixèrent à sa mort au sud de Kirkouk. La seconde vague turcomane pénétra en Irak à partir de 1055 derrière Tugrul Bey, prince turcoman seljoukide, qui libéra Bagdad de la domination bouyide. Maintenant pour la forme le califat, il fonda une dynastie qui régna sur l’Irak jusqu’à ce que le calife Al-Nasir s’en débarrasse en 1225.
L’atabeg turcoman de Mossoul, Imad ad-Din Zengi, devenu gouverneur d’Alep en 1129, déclara la guerre aux Croisés. Après sa mort, son fils Nour-Eddine envoya en Egypte Salah-Eddine Al Ayoubi – Saladin – un de ses officiers kurdes qui renversa la dynastie fatimide et libéra Jérusalem le 2 octobre 1187.
Au cours des XIIe et XIIIe siècles, d’autres atabegs turcomans, à Erbil et Kirkouk, dirigèrent des Etats quasi indépendants.La prise de Bagdad par les Mongols en 1258 mit fin au califat. Ibn Al-Alkami, vizir du dernier calife, qui les soutenait dans l’espoir d’installer sur le trône un descendant de l’imam Ali, fut maintenu à son poste par Houlagou Khan. Il est l’archétype du « traître chiite » pour les Irakiens, qui comparent son rôle à celui des groupes pro-iraniens avec les Etats-Unis.
Moutons Blancs et Moutons Noirs
Les Mongols ilkhanides occupèrent l’Irak jusqu’à ce qu’un de leurs généraux, Burzug Al-Jalairi, s’empare du pouvoir en 1334. Les Jalairides s’y maintinrent jusqu’en 1410. Sous leur règne, le pays fut envahi par Tamerlan, prince turcoman de Samarcande, qui ravagea Tikrit, Mossoul, puis Bagdad en 1401. Il repartit en laissant en Mésopotamie 100 000 esclaves turcs et en permettant à la tribu turcomane des Moutons Blancs (Aq-Koyunlu) de s’implanter durablement au nord de l’Irak. Les Moutons Noirs, ennemis héréditaires des précédents, prirent Bagdad en 1410, mais en furent expulsés en 1467 par les Moutons Blancs. La troisième vague turcomane arriva sous l’Empire ottoman, après la prise de Bagdad par Soliman le Magnifique en 1534, puis sous Mourad IV qui mit les Perses en déroute en 1638.
Les Turcomans irakiens sont majoritairement sunnites, de rite hanafite. Les chiites – 30 à 40% de la communauté – se divisent en duodécimains, Alévis, Qizilbaschs et Ahl-al-Haqq. Les Shabaks, autre minorité turque, seraient des Mongols "turquifiés" ou d’anciens Qizilbachs des troupes d’Ismaïl Ier, fondateur de la dynastie perse safavide. On compte également quelques Turcomans chrétiens qui résidaient dans la citadelle de Kirkouk, près du tombeau du prophète Daniel.
La Soif de Pétrole Irakien
Par Gilles Munier
http://www.afrique-asie.fr/article.php?article=327
Mongolies
Par Habib Tawa
http://www.afrique-asie.fr/article.php?article=325
La grandeur des Turcomans irakiens
Par Gilles Munier
Publié dans AFRIQUE ASIE (Octobre 2007)
Histoire : Aujourd’hui marginalisé, ce peuple joua un rôle fondamental en Mésopotamie jusqu’à la chute de l’Empire Ottoman.
Depuis la fin de la Première Guerre mondiale, le nombre des Turcomans en Irak – ou Turkmènes, c'est-à-dire « vrais turcs » - est minoré. Ils seraient entre 2 et 3 millions, répartis sur un territoire qu’ils appellent Turkmeneli, s’étendant en diagonale du sud de la région autonome du Kurdistan, sur la frontière syrienne, à celle de l’Iran. Des Turcomans, nombreux, résident à Bagdad et à Erbil, ville turcomane octroyée aux Kurdes par la loi d’autonomie.
Originaires du royaume légendaire de Touran, les Turcomans se convertirent très tôt à l’Islam Ils s’installèrent en Mésopotamie bien avant la conquête de l’Empire byzantin par les Turcs, en 1453. Ils y jouèrent un rôle essentiel jusqu’à la disparition de l’Empire ottoman. Les premiers Turcomans arrivèrent de Boukhara en Irak au VIIe siècle. Ils étaient environ 4.000, recrutés par Oubeydullah Bin Ziyad, gouverneur omeyyade de Bassora, pour leur habileté au tir à l’arc. Un second contingent les rejoignit pour protéger Wasit, capitale de l’Irak fondée en 702 par Al Hajjaj ben Yusuf, un des plus terribles dirigeants que l’Irak ait connu.
Au VIIIe siècle, les califes abbassides Mansour, Rachid et Maamoun en firent l’élite de leur armée. En 835, 40.000 Turcomans s’installèrent à Samarra, nouvelle capitale bâtie par le calife Al-Mu’tasim, et se fixèrent à sa mort au sud de Kirkouk. La seconde vague turcomane pénétra en Irak à partir de 1055 derrière Tugrul Bey, prince turcoman seljoukide, qui libéra Bagdad de la domination bouyide. Maintenant pour la forme le califat, il fonda une dynastie qui régna sur l’Irak jusqu’à ce que le calife Al-Nasir s’en débarrasse en 1225.
L’atabeg turcoman de Mossoul, Imad ad-Din Zengi, devenu gouverneur d’Alep en 1129, déclara la guerre aux Croisés. Après sa mort, son fils Nour-Eddine envoya en Egypte Salah-Eddine Al Ayoubi – Saladin – un de ses officiers kurdes qui renversa la dynastie fatimide et libéra Jérusalem le 2 octobre 1187.
Au cours des XIIe et XIIIe siècles, d’autres atabegs turcomans, à Erbil et Kirkouk, dirigèrent des Etats quasi indépendants.La prise de Bagdad par les Mongols en 1258 mit fin au califat. Ibn Al-Alkami, vizir du dernier calife, qui les soutenait dans l’espoir d’installer sur le trône un descendant de l’imam Ali, fut maintenu à son poste par Houlagou Khan. Il est l’archétype du « traître chiite » pour les Irakiens, qui comparent son rôle à celui des groupes pro-iraniens avec les Etats-Unis.
Moutons Blancs et Moutons Noirs
Les Mongols ilkhanides occupèrent l’Irak jusqu’à ce qu’un de leurs généraux, Burzug Al-Jalairi, s’empare du pouvoir en 1334. Les Jalairides s’y maintinrent jusqu’en 1410. Sous leur règne, le pays fut envahi par Tamerlan, prince turcoman de Samarcande, qui ravagea Tikrit, Mossoul, puis Bagdad en 1401. Il repartit en laissant en Mésopotamie 100 000 esclaves turcs et en permettant à la tribu turcomane des Moutons Blancs (Aq-Koyunlu) de s’implanter durablement au nord de l’Irak. Les Moutons Noirs, ennemis héréditaires des précédents, prirent Bagdad en 1410, mais en furent expulsés en 1467 par les Moutons Blancs. La troisième vague turcomane arriva sous l’Empire ottoman, après la prise de Bagdad par Soliman le Magnifique en 1534, puis sous Mourad IV qui mit les Perses en déroute en 1638.
Les Turcomans irakiens sont majoritairement sunnites, de rite hanafite. Les chiites – 30 à 40% de la communauté – se divisent en duodécimains, Alévis, Qizilbaschs et Ahl-al-Haqq. Les Shabaks, autre minorité turque, seraient des Mongols "turquifiés" ou d’anciens Qizilbachs des troupes d’Ismaïl Ier, fondateur de la dynastie perse safavide. On compte également quelques Turcomans chrétiens qui résidaient dans la citadelle de Kirkouk, près du tombeau du prophète Daniel.
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