dimanche 21 octobre 2007

IRAK: CATASTROPHES A VENIR, par Xavière Jardez

paru dans AFI FLASH - Bulletin des amitiés franco-irakiennes
n°78 - 22 octobre 2007


L’ONU, malgré les milliers de pétitions signées, n’a pas agi contre les douze années d’embargo qui ont tué plus d’un million et demi de personnes et miné les infrastructures du pays, l’utilisation par les Etats-Unis d’armes à l’uranium appauvri donnant lieu à des malformations d’enfants n’a suscité aucune réprobation, les 700 000 personnes tuées en conséquence de l’occupation ou les quatre millions d’Irakiens exilés ou déplacés dans leur pays n’émeuvent personne. Faudra-t-il un tsunami mossoulite ou une épidémie de plus grande envergure que celle du choléra qui frappe l’Irak depuis deux mois, peut-être du sida, pour que la conscience occidentale, prompte à chevaucher des causes humanitaires spécifiques se réveille ?

Une vague de 12,5 milliards de m3 d’eau menace Mossoul et sa région

Les marnes qui composent les fondements du plus grand barrage d’Irak, le barrage de Mossoul de 3,2kms de long, s’érodent à une vitesse vertigineuse, avec la perspective terrifiante qu’il puisse lâcher et inonder les alentours et les terres plus au sud. « L’éventualité d’un désastre est très grande ». Les eaux déferlant suite à la rupture du barrage détruiraient 70% de Mossoul et infligeraient de sérieux dommages à plus de 150 kms au sud le long du Tigre.12 ,5 milliards de m3 d’eau se rueraient vers Mossoul, peuplé de 1,7 million d’habitants en moins de deux heures. Le risque d’une rupture totale et immédiate est très élevé à l’heure actuelle, et plus que probable dans les prochaines années. Le désastre humanitaire est un cauchemar pour le gouvernement irakien et les Américains car les secours d’urgence sont inexistants et toute recherche de victimes et sauvetage seraient extrêmement difficiles.

Des milliers de cas de choléra :

l’épidémie s’est déclenchée dans la région kurde de Soulimaniya

Depuis plus de deux mois, une épidémie de choléra sévit en Irak, la première depuis plusieurs décades. Ce qui est assez surprenant est qu’elle a commencé au Kurdistan, région semi autonome présentée comme un modèle de développement politique et économique pour le reste de l’Irak, avec plus de 4000 cas et dix morts. Deux régions ont été touchées, la région de Soulimaniya et celle de Kirkouk. Les causes en sont une contamination de l’eau des puits creusés par les habitants en raison d’une pénurie d’eau potable – fournie pendant deux heures seulement - et la rupture des canalisations et pollution par les eaux des égouts. L’UNICEF estime à seulement 30% le nombre de personnes dans ces deux villes ayant accès à l’eau potable.

Elle s’est ensuite étendue au reste de l’Irak, à Bassora particulièrement et a continué sa route vers la frontière iranienne. Les camps de réfugiés sur les frontières de l’Irak, en Syrie, Jordanie ont été avertis de ce fléau. « Plus de 50 000 personnes fuient l’Irak tous les jours et beaucoup vivent dans des camps (aux abords des villes) sans réelle assistance médicale » et sans hygiène et eau propre, déclare le Dr. Abdel Kareem Imad, épidémiologiste à Amman.

Cette épidémie est le signe le plus flagrant de l’état de délabrement des services sociaux et de santé de l’Irak et de la destruction du réseau électrique nécessaire à l’alimentation en eau. La reconstruction du système électrique à laquelle les Américains s’essaient depuis 2003 serait de toute manière dédiée uniquement à la remise en valeur de l’industrie pétrolière et non à destination du public.

Trafic de femmes en Irak pour « remonter le morale des troupes »

Les bases militaires US aux Philippines, Corée du sud, Thaïlande, en particulier, ont toujours attiré la prostitution. Cependant, l’installation de forces armées US dans le Golfe, l’invasion de l’Irak et la guerre en Afghanistan, la dépendance de l’armée US sur des mercenaires ont transformé progressivement la prostitution en trafic de femmes au Moyen-Orient. Un des meilleurs exemples du rôle de ces derniers est le réseau d’enlèvements de femmes en Bosnie par DynCorp et il semble que des cas similaires soient connus en Irak.

L’invasion US en 2003 a ramené avec elle la prostitution en l’espace de quelques semaines comme l’avait fait l’embargo impitoyable. Saddam Hussein avait alors été obligé de lancer ses forces paramilitaires en 1999 contre les réseaux. Les femmes instigatrices furent exécutées et toute femme jusqu’à l’âge de 45 ans, contrainte de voyager hors d’Irak avec un compagnon mâle de sa famille. La guerre a créé un vaste réservoir de filles et garçons sans famille, vulnérables et proies faciles pour les gangs. Des femmes irakiennes réfugiées en Jordanie, Syrie, Yémen ou Emirats Arabes Unis n’ont d’autre solution, par désespoir économique, que le commerce du sexe.

Mais ce qui a changé, c’est l’importation de femmes étrangères sous le couvert de domestiques, cuisinières, employées etc… comme l’a documenté David Phinney dans le Chicago Tribune où il relate comment une société koweitienne en contrat glissait des femmes dans ses embauches de travailleurs migrants pour le site de la nouvelle ambassade US dans la zone verte. S’y se sont ouverts quelques bordels, camouflés en restaurant chinois, coiffeurs, abri pour femmes, fréquentés par les contractors qui ne doivent de compte à aucune autorité. Comme le racontait l’un d’eux en février 2007, « nous avons un PSD (un contact) qui nous amènent ces jolies Irakiennes ». Leurs e-mails suggèrent aussi que des Chinoises, Iraniennes ou Européennes de l’Est sont au service des Américains et d’autres Occidentaux.

Les milices irakiennes en alerte contre la prostitution et la guerre s’intensifiant à Bagdad et dans les autres provinces arabes - en permission en 2005, le réserviste Patrick Lackatt, se vantait que « pour un dollar, vous pouvez avoir une prostituée pour une heure » - les contractors se ruent maintenant vers le Kurdistan ou Dubaï devenu le pivot de la prostitution dans le Golfe et les réseaux de prostitution s’avèrent plus difficiles à traquer. Il n’est d’ailleurs pas dans l’intérêt des militaires américains ou des contractors de dévoiler des informations sur cette exploitation avilissante des femmes puisqu’ils cherchent à « remonter le moral de leurs troupes ». Et, de la même manière que les corps des Irakiens ne sont pas décomptés dans les pertes de la guerre, il en va de même des malades du Sida, qui ne sont jamais évoqués dans les reportages et autres nouvelles sur l’Irak.

Sources :http://www.uruknet.web.at.it/colonna.centrale- http://news.independent.co.uk/world/middle_east/article2914413 - http://www.counterpunch.org/menutt07112007.html-Debra


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